Les scénaristes ne sont pas des huîtres perlières. Pourtant, l’imagerie de l’auteur nécessitant d’être isolé sous un rocher pour se concentrer et cracher un bon script de temps à autre persiste toujours. Écrire n’a pourtant jamais été une activité aussi sociale qu’aujourd’hui. Pitcher, rencontrer, se présenter, se vendre, maintenir un lien avec ses collaborateurs, avec ses formateurs, avec sa promotion, écrire en binôme, en équipe, recevoir des retours, en donner, se tenir au courant des tendances, des événements, des actualités professionnelles, faire des recherches, questionner des sources… Ce vrai quotidien méconnu et agité des scénaristes est une part essentielle de leur travail.
Mais créer et maintenir cette sociabilité deviennent de plus en plus complexes. En plus des écoles rares et difficiles d’accès, des festivals coûteux, des producteurs et agents débordés, on peut observer une tendance renforcée ces dernières années à l’isolement et à l’individualisme des scénaristes entre eux.elles. Climat de compétition accrue, scission de l’audiovisuel en familles, fermeture des guichets, invisibilisation des émergents… Les scénaristes, déjà fragilisés par leur position dans la chaîne de production, prompts aux phases d’autarcie et vulnérables aux burn-out, n’ont pourtant rien à gagner à s’enfermer.De nombreux systèmes et collectifs existent pour enrayer cette mécanique. Accompagnements, associations, syndicats… Toute une nébuleuse trop souvent méconnue et délaissée, qui propose de vraies solutions pour aider les auteurs à développer leurs projets et leur carrière.
Comment et pourquoi recréer le lien ? Comment re-transformer le cinéma et la télévision en cette ruche à profils et à idées qu’elle entend être ? Il est grand temps d’oublier les huîtres, et de sauver nos abeilles.